Roman, chez Albin Michel.

Ceci n'est pas une fiche de lecture, mais plutôt une cueillette de phrases qui m'ont plues, de passages relevés, au fil de ma lecture, sur un gros marque-page inséré dans ce livre acheté au troc!!

Si vous voulez un résumé, j'imagine que quelques clics dans un moteur de recherche vous l'offriront rapidement, je n'ai pas envie non plus de recopier la 4ème de couverture...

C'est parti :

"on n'a jamais rien eu à se dire et on s'est toujours bien entendus." C'est drôle, et tellement vrai, tellement de choses passent par le non verbal. Parfois, le ressenti est en tel décalage avec les mots, que croire?

"J'aimais l'envie et l'acte de peindre, jamais le résultat."

Comme l'enfant, qui dessine pour l'acte et se défait de son dessin une fois terminé. J'ai pu expérimenter ça pour l'écriture, ce qui m'importe c'est l'acte, ensuite, ce que devient le texte m'intéresse peu, souvent, il dort dans un fichier, jusqu'à la mort du disque dur.

"J'existe tout autant par les chemins que je n'ai pas osé suivre. "

Voilà qui fait écho à mon "mes mots vont où je ne vais pas". Nous ne sommes pas défini par nos seuls actes, tout ce que nous ne faisons pas, qui ne se voit pas, participe aussi à notre définition. L'écriture, le rêve, la pensée, nous permettent pourtant de vivre d'autres chemins.

J'apprécie quand la littérature s'autorise des bons sentiments. Dans cette histoire, la femme et l'amante du défunt pactisent contre l'attitude sclérosée de la société petite bougeoise de la ville. Elles se lient d'amité, font front, au lieu de se déchirer. "La jalousie est un sentiment qui ne m'intéresse pas, nous avons perdu le même homme." dit l'épouse. Un salutaire coup de pied aux normes hypocrites qui me parle particulièrement.

"L'enfer, c'est pour ceux qui n'ont jamais pris de risques." Et le personnage d'assurer au jeune fils du défunt que son père n'est pas en enfer, car "les artistes ne vont jamais en enfer". J'en suis persuadée. La sensibilité artistique protège de la sécheresse du coeur, l'expression protège de l'aigreur, de la rancoeur. Donc, même médiocre, (aux yeux des autres, de la critique), un artiste mérite le "paradis", pour l'émotion qu'il a tenté de catalyser toute sa vie. Et, c'est bien connu, les artistes osent aimer ! J'aime aussi voir l'expression artistique comme alternative à la maladie mentale. Le livre développe ce thème vers la fin, lorsque l'oeuvre picturale inachevée du défunt est "prise en charge" par un enfant autiste que la peinture sauvera.

"Seuls la haine et le désespoir sont muets." Alors vivent les bavards!!

"Mes envies s'enlisent, quand elles ne sont pas soutenues par le désir d'autrui." Oh comme je me reconnais bien dans cette phrase! J'ai tellement besoin de sentir le désir, amical, amoureux, des autres pour oser faire un pas vers eux... C'est bon de voir que cette sensation n'est pas unique, qu'un autre, à défaut de la ressentir, l'a au moins imaginée pour l'écrire! Je me sens légitimée par ces quelques mots imprimés!

Et vous... que vous disent vos lectures? Que révèlent-elles de vous?

Je vous invite à glisser dans vos livres un gros marque-page et un stylo, pour recueillir ce qui fait écho en vous.

Je dédie la lecture de ce livre à ma soeur Laure, l'histoire se passant en Savoie, Clarafond y est citée plusieurs fois, ainsi que Pugny-Chatenod. C'est pas loin de chez elle, je crois.