Case noire, case blanche

 

 

Case noire, case blanche, tout dépend de mon humeur. Autour de moi pour nous soutenir, nous protéger, mon fragile compagnon et moi même, gravitent deux gardiens aux manoeuvres bien droites, deux bouffons agités, deux chevaliers rusés et une rangée obéissante de petits soldats.

Grande Dame de ces lieux, je bouge parfois librement en tous sens, agressive, mais je reste souvent cachée, à l'affût, près de mon roi qui ne peut se défendre. Je compte sur mes fidèles sentinelles pour m'alerter, m'avertir du moindre mouvement venu « d'en face ». Ma défense est sans faille.

 

Alors pourquoi ai-je peur ainsi d'un ridicule petit pion qui n'avance que pas à pas et ne dispose que de peu d'armes? Il avance entêté, au mépris du danger, près même à se sacrifier, sa vie a si peu de prix comparée à celle des grands de la cour. Il avance, encore et toujours, s'arrange pour rester hors d'atteinte, suit la règle, imperturbable. Pourquoi se sentir menacée par si faible sous-fiffre? Pourquoi prendre le risque de s'exposer aux dangers pour éliminer si ridicule combattant?

 

Il avance avec constance, case blanche, case noire, obligatoire alternance, sans états d'âme en apparence, il obéit c'est son devoir, simple et discret.

 

Je croyais « ceux d'en face » démunis, privés de leur Grande Dame, condamnés. Quand l'alerte sentinelle enfin réagit, c'est trop tard, ce petit pion bien trop loin de son départ arrive à ses fins: rejoint ma rive et m'égale. Une rivale! Après un cruel duel, cette nouvelle Dame m'évince et prend ma place sans pitié sur l'échiquier. Rien n'est jamais joué d'avance. Case blanche ou case noire, saura t'elle mieux que moi dompter ses humeurs?

 

 

16 février 2008

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